Reconnaître la Palestine et préparer le jour d’après

Du 8 au 12 septembre 2025, j’ai eu l’honneur de participer à un déplacement parlementaire en Palestine dans le cadre des travaux menés par le groupe d’amitié France-Palestine au Sénat.

Je faisais partie d’une délégation transpartisane, composée de Gisèle JOURDA, présidente du groupe d’amitié (groupe Socialiste, Écologiste et Républicain), Étienne BLANC (groupe Les Républicains), Adel ZIANE (groupe Socialiste, Écologiste et Républicain) et Raymonde PONCET-MONGE (groupe Écologiste – Solidarité et Territoires).

Vous pouvez retrouver notre rapport en intégralité ci-dessous.

Je remercie tout particulièrement le consul général de France à Jérusalem et ses services. Lors de ce déplacement, nous avons pu mesurer le travail Nicolas KASSIANIDES. L’ensemble des services du consulat nous a ainsi permis de nous déplacer en toute sécurité et de bénéficier de nombreuses rencontres et visites très instructives.

Cet effacement est particulièrement visible à Gaza, où l’armée israélienne effectue une centaine de frappes quotidiennes. On y dénombre 100 morts par jour. 86 % du territoire est sous ordre d’évacuation. La population gazaouie souffre de la faim, utilisée comme arme de guerre par l’armée. 140 camions entrent chaque jour dans l’enclave, alors qu’il en faudrait 600 pour couvrir à peine les besoins de base. D’après les ONG présentes, cette situation est absurde : il n’existe aucun obstacle technique qui empêcherait d’acheminer l’aide humanitaire. Aujourd’hui, il existe bien une volonté politique du gouvernement israélien de pousser la population gazaouie à fuir, que ce soit par la faim ou la destruction des immeubles d’habitation. Le plan d’intervention prévu à Gaza-ville reviendrait à déplacer un million de personnes. Toutes craignent de ne plus jamais pouvoir revenir sur leurs terres.

Nous avons également fait ce terrible constat en Cisjordanie lors de nos visites. La colonisation s’accélère. Le gouvernement israélien exproprie les terres des Palestiniens pour casser la continuité territoriale. Il contrôle les ressources et impose des coupures d’eau et d’électricité récurrentes. En Cisjordanie, la peur de l’annexion du territoire est palpable. La situation est également très tendue à Jérusalem-Est : 35 % des terrains font l’objet d’expropriations. En 2024, 180 familles ont vu leur maisons détruites. Cela touche également des projets financés par la France, comme un centre social financé par le ministère, ainsi que nos projets de coopération décentralisée.

Le consulat français, créé au XVIIème siècle pour assurer la paix et la protection de l’ensemble des communautés, est aujourd’hui la cible de l’État d’Israël. Les congrégations religieuses chrétiennes sont elles aussi menacées : depuis le 7 octobre 2023, le modèle économique des pèlerinages religieux s’est tari. Par ailleurs, le gouvernement les menace de revenir sur l’exemption de paiement de taxes locales, avec une imposition rétroactive qui serait intenable pour de nombreuses structures. Elles jouent pourtant un rôle social structurant, en gérant des écoles, des hôpitaux, des orphelinats…

Nier l’existence du peuple palestinien ne conduira qu’à une immense catastrophe. Cela constitue une grave menace pour la paix et la sécurité régionale comme internationale. La reconnaissance par la France de l’État de Palestine est donc une étape cruciale. Je salue la décision du président de la République d’avoir enfin reconnu l’existence de la Palestine devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies le 22 septembre dernier. Il y a désormais urgence à faire vivre la solution à deux États, défendue par le peuple palestinien. La France doit agir pour accompagner le développement d’un État de Palestine afin de construire la paix, dans le strict respect du droit international.

Partout dans le monde s’expriment des voix pour réclamer la paix immédiatement. Le 22 septembre 2025 à Fosses, lors de la réunion publique consacrée à la restitution de mon déplacement, nous étions nombreuses et nombreux à partager ce constat et à porter cette espérance.

La France doit également travailler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération de tous les otages et à la fin de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, seules bases d’une solution politique viable. À ce titre, le plan proposé par le président des États-Unis d’Amérique Donald Trump ouvre une brèche et reconnaît la nécessité d’un cessez-le-feu. Toutefois, trop de zones d’ombres persistent : calendrier de retrait de l’armée israélienne non défini, silence sur l’occupation et la colonisation de la Cisjordanie, négation de la souveraineté palestinienne où Gaza serait sous la tutelle d’un autorité internationale de transition dirigée par Tony Blair, aucune information claire sur l’établissement d’un État de Palestine dont les frontières ne sont pas précisées… La France, fidèle au droit international et dans le cadre défini par l’ONU, doit mêler ses efforts à ceux de ses partenaires internationaux pour permettre la création pleine et entière d’un État de Palestine viable.

Retour en haut