Tel un phénix qui renaît de ses cendres…

Ce 8 septembre au soir, alors que le vote au Parlement venait d’acter la fin du gouvernement Bayrou, j’ai eu du mal à me réjouir car une seule question me taraudait l’esprit : et la suite ?

Quand le Président Emmanuel Macron a annoncé qu’il allait nommer un nouveau gouvernement « dans les tous prochains jours », j’étais sincèrement circonspect. Allait-il nous faire à nouveau la démonstration de sa capacité à se moquer de l’avis / la vie des Français ? Allait-il à nouveau mépriser la démocratie ?

Quelle réponse allait-il apporter aux millions de citoyens qui attendent des jours meilleurs ?

Quel avenir allait-il ouvrir pour le service public et pour nos collectivités ?

Bien que circonspect, j’avais le désir d’y croire un peu, tant il m’apparaissait indigne du politique de laisser la société continuer à se déliter, sans sursaut – qu’il soit humain ou même simplement intellectuel. J’espérais encore naïvement que la fin du match allait être sifflée par celui-là même qu’il l’avait initié. Car tout cela ne pouvait pas être un jeu.

Derrière, dans l’ombre, se cachent des vies. Des millions de vies.

Des femmes et des hommes qui survivent.

Des petites et moyennes entreprises au bord de la faillite.

Un service public abîmé, qui peine à exercer les missions que l’Etat lui a confiées.

Des femmes et des hommes qui espèrent simplement une justice fiscale, une justice sociale et surtout, de la dignité.

Et, en cette soirée du 9 septembre, le Président Emmanuel Macron a nommé Monsieur Sébastien Lecornu Premier Ministre. Une douche froide pour de nombreux françaises et français.

Alors que nous n’aurions rien dû espérer de ce Président de la République – tant il nous a habitué à des décisions saugrenues, déconnectées voire dangereuses pour la vie des françaises et français – nous avons tous, je crois, été déçus.

Déçus de constater que le déni démocratique n’est pas une erreur passée, mais bien une stratégie, un leitmotiv, voire une manière de concevoir le pouvoir chez les macronistes.

Déçus de constater que le mépris du peuple n’a pas de limite, même au pays des Lumières.

Déçus de se rendre compte que nous allons reculer pour mieux sauter.

Mais c’est bien l’essence même finalement du parti sur lequel Monsieur le Président Emmanuel Macron s’appuie : Renaissance.

A l’époque où ce parti a été créé, nous savions déjà qu’il y avait anguille sous roche. La Renaissance, pour beaucoup, c’est une période faste de notre histoire, mais pour d’autres, elle fait référence au Phénix de notre mythologie grecque. Dans ce mythe, tous les 500 ans, le phénix se construit son nid d’épices et d’encens et y met le feu. Puis, il agite ses plumes pour attiser les flammes et se jette dedans afin de s’y consumer. Et, dès que cet oiseau est devenu cendres, il renaît en oisillon. On dit dès lors que le « Phénix renaît de ses cendres ».

Le Président Macron est donc fidèle à son mantra. Il ne tient aucunement compte de ses erreurs ou de son histoire passée. Il recommence à chaque fois.

Et c’est ainsi que Sébastien Lecornu, notre premier ministre, se retrouve sur le devant de la scène, à Matignon, le 10 septembre 2025, pour nous expliquer qu’il va falloir « des ruptures ».

Ne s’agit-il pas ici d’une provocation lorsqu’on observe le parcours de Monsieur Sébastien Lecornu, fidèle parmi les fidèles du Président Emmanuel Macron ?

Pendant ce temps, en France, des milliers de manifestants scandent des slogans : « Prenez la thune des milliardaires, pas celle des grands-mères » ou encore « L’argent pour les fonctionnaires, pas pour les milliardaires ».

Tout ceci ne parait-il pas assez clair ? De quelles ruptures Monsieur Macron parle-t-il ?

Sans se soucier de ce qu’il se passe en dehors de la cour de Matignon, tel un vassal au temps du roi, voici Monsieur Sébastien Lecornu qui se lance à l’assaut des groupes politiques, pour échanger avec eux et trouver un « compromis ». De quel « compromis » parle-t-on ? Nous avons tous bien compris le budget établi par Macron. Et nous ne voulons aucun compromis. Nous ne voulons pas de ce budget délétère pour la France.

Finalement, nous n’aurons eu droit qu’à un court mi-temps pendant le match. Un entracte pendant lequel nous avons pu vivre, penser, espérer, douter. Et puis, le match a repris.

Macron a changé l’entraîneur et va sans doute changer quelques joueurs. Et il va recommencer.

Cette fois, je n’attends plus rien de notre Président de la République mais je continuerai à me battre pour une justice fiscale, sociale et pour la dignité de tous les françaises et de tous les français. Et, malgré le dépit qui m’anime face à tant de provocations, en ma qualité de Sénateur du Val d’Oise et comme le veut la coutume et la bienséance, j’adresse mes félicitations républicaines à notre nouveau Premier Ministre, Monsieur Sébastien Lecornu.

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