Une urgence : reconnaître un État de Palestine

À Gaza, à la mi-mars 2025, le cessez-le-feu durement arraché a volé en éclats après la reprise des frappes aériennes israéliennes. Depuis des semaines, Gaza est bombardée, des logements sont détruits, l’accès à la nourriture, à l’eau ou aux soins est quasi impossible. Le passage de l’aide alimentaire est bloqué par l’armée israélienne depuis le 2 mars.

À l’initiative de ma collègue sénatrice Raymonde Poncet-Monge, nous avons reçu au Sénat le collectif Hungry for Palestine. Ses membres sont en grève de la faim depuis le 31 mars pour dénoncer le génocide à Gaza, l’inaction de la communauté internationale et le non-respect du droit international. Je partage leur lutte. Aujourd’hui, la situation à Gaza est catastrophique. L’utilisation de la faim comme arme de guerre est un crime. Près de 3.000 camions attendent aujourd’hui l’autorisation d’entrer à Gaza. Il faut mettre fin à cette punition collective. L’ONU dénonce une situation humanitaire qui serait « la pire depuis le début de la guerre ». Plus de 52.000 personnes sont mortes depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023.

Le monde assiste à un génocide en direct, comme l’a dénoncé Madame Heba Morayef, directrice régionale Moyen-Orient / Afrique du Nord d’Amnesty International :
« L’année 2024 restera comme une année particulièrement violente et marquante pour la région, principalement en raison de l’ampleur de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza. C’est la première fois dans l’histoire d’Amnesty international que nous avons pu réunir suffisamment de preuves pour établir que, ce qui s’est passé à Gaza, et ce qui continue de se passer actuellement, constitue un génocide.  Et cela aura un impact profond et durable sur la région ».

Qu’attendons-nous pour agir? 

La Cisjordanie n’est elle aussi pas épargnée. Depuis le 7 octobre 2023, 900 personnes ont été tuées par l’armée israélienne ou par les colons. Plus de 40.000 personnes ont été déplacées. Les violences sont quotidiennes. Par ailleurs, en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, des centaines de maisons sont rasées chaque jour. Le gouvernement israélien pousse au départ les familles palestiniennes, n’accordant pas de permis de construire et en déclarant illégales nombre d’habitations. Dans le même temps, les constructions de colonies illégales se poursuivent : le 30 mars dernier, le gouvernement israélien a ainsi approuvé un projet de construction de nouvelles routes en Cisjordanie occupée à Maalé Adoumim. Benyamin Netanyahou poursuit sa fuite en avant : même le journal israélien Haaretz note que l’annexion de la Cisjordanie est en cours sur le terrain. 

C’est dans ce contexte que le groupe d’amitié France-Palestine s’est réuni au Sénat et a auditionné Son Excellence Madame Hala Abou Hassira, Ambassadrice de Palestine en France. Coïncidence : au même moment, interrogé sur le service public, le président Macron évoquait enfin la possibilité de reconnaître l’État de Palestine au mois de juin prochain.

Je me réjouis de cette annonce, éminemment politique.

Au Sénat, j’ai demandé à plusieurs reprises au gouvernement de s’engager dans cette voie diplomatique.

L’existence même d’un État de Palestine est aujourd’hui menacé par la reprise du conflit à Gaza, comme part l’accélération du processus de démantèlement de la Cisjordanie, où la colonisation se poursuit au mépris du droit international et du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Celui-ci a le droit de choisir son propre avenir: un État indépendant et souverain, basé sur les frontières de 1967 et prenant Jérusalem-Est comme capitale.

J’ai enfin visité à l’Institut du monde arabe (IMA) l’exposition consacrée aux Trésors sauvés de Gaza, représentant près de 5000 ans d’histoire. Les guerres, et en particulier les bombardements incessants menés depuis le 7 octobre 2023, menacent l’intégrité de nombreux sites archéologiques précieux de toutes les époques. Depuis le début de guerre, l’Unesco estime même que près de 100 sites patrimoniaux ont été endommagés. Cette exposition met à l’honneur la culture palestinienne, à l’heure où cette dernière est menacée d’effacement par le génocide en cours.

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