Les cinq dernières semaines ont été particulièrement intenses, notamment pour les collectivités.
A la fois parce que la mobilisation des élus locaux et des agents a été maximale et rigoureuse pour faire vivre la démocratie à travers l’organisation des élections, mais aussi parce que cette montée du vote du Rassemblement National a questionné de nombreux français, notamment dans nos quartiers d’Ile-de-France où nous œuvrons chaque jour à un vivre-ensemble.
Mais il faut également regarder la réalité qu’est la nôtre aujourd’hui : plus les années passent et plus les collectivités, les élus et les agents sont confrontés, chaque jour, à la colère des habitants et à leur insatisfaction du service public.
Même les sondages le confirment, comme cette étude parue en 2024 sur Le regard des Français sur les services publics : satisfaction, jugement sur leur financement par les impôts et attentes, accessible au lien suivant :
https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2024/02/120569-Resultats.pdf.
Cette étude vient en effet confirmer une réelle fracture territoriale. Si les sondés sont satisfaits à hauteur de 51% de leurs services publics lorsqu’ils vivent en agglomération urbaine, ils sont insatisfaits de ces derniers, pour 57% d’entre eux, lorsqu’ils vivent en commune rurale.
On peut les comprendre : le service public mérite davantage de moyens pour fonctionner et pour répondre aux besoins des habitants.
Et notamment en milieu rural.
Travail, logement, isolement, éducation, désertification médicale… Cette urgence sociale, nous la vivons chaque jour dans nos communes. Nous tentons d’y remédier avec nos faibles moyens : aides alimentaires et financières de nos CCAS, subventions aux associations locales, aides à la mobilité…. Nous savons tous par quels moyens ou par quels services publics complémentaires nous pourrions aider ces habitants, ces familles, mais nous n’avons pas les capacités financières de conforter ou de déployer de nouveaux services publics.
Nous constatons tous, par ailleurs, un pouvoir d’achat de plus en plus limité des Français. Combien de familles, à l’épicerie ou au supermarché du coin, arrivent en caisse et laissent une partie de leurs denrées alimentaires car en impossibilité de payer la facture totale ? Nous vivons avec ces familles, nous les côtoyons. C’est une réalité.
Or, l’on sait que partout où recule le service public, le Rassemblement National progresse.
En effet, ce parti profite du sentiment de déclassement ressenti par certains citoyens. Il surfe sur la préférence nationale, pilier de son programme, et trouve ainsi des boucs émissaires à ce sentiment d’isolement de nombreux Français.
C’est donc ce qui s’exprime en partie dans les urnes aujourd’hui. Il est urgent que les partis politiques et le gouvernement réagissent face à cette colère des Français. Nous ne pouvons pas nous satisfaire simplement d’avoir réussi à « faire barrage » au Rassemblement National. Ce n’est pas suffisant. Derrière chaque vote se cache une colère, une famille, un visage, des enfants, des injustices. La fracture territoriale et sociale est en marche.
Le président de la République doit prendre toutes les mesures qui s’imposent pour répondre à cette urgence sociale. En premier lieu, le gouvernement doit absolument redonner du pouvoir d’achat aux Français et bloquer les prix de l’énergie, de l’alimentation, des carburants. Pour une vie digne.
Le service public et les collectivités doivent être soutenus financièrement par le gouvernement. Ils ne peuvent pas être la variable d’ajustement du budget de l’État. Il est intolérable de se poser la question chaque année du nombre de lits en hôpital qui vont être fermés, du nombre de classes qui seront ou non couvertes par un enseignant, du nombre de services publics locaux qui fermeront car en impossibilité d’alimenter le budget communal. C’est insupportable. Et c’est accentuer ce sentiment d’isolement sur nos territoires. En milieu rural, le service public est en rade. Et la France est en vrac.
Ainsi, après la dissolution de l’Assemblée Nationale, la France est plongée dans l’incertitude suite à l’absence de majorité politique qui se dégage des élections législatives. Trois blocs ressortent des urnes : le Nouveau Front Populaire, Ensemble et le Rassemblement National.
Ce n’est pas une surprise. La France est aujourd’hui profondément fracturée. Cette situation politique est inédite. Nous sommes dans une impasse et il faut en sortir.
Il est aussi insupportable d’imaginer que la France va s’arrêter pendant 12 à 18 mois et que de nouvelles élections législatives pourraient engendrer alors une nouvelle donne et, à ce moment-là, permettre à un gouvernement de siéger.
Sauf à imaginer que dans 12 ou 18 mois la France sera plus ou moins fracturée qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Les Français ont dès maintenant besoin de changement visible. N’attendons pas que le Rassemblement National s’installe sur l’ensemble du territoire français et devienne hégémonique.
Il est temps de donner de l’espoir aux Français. De répondre à cette urgence sociale, économique et environnementale. De tenir ses promesses. D’être à l’écoute des Français. De tous les Français.
Au Sénat, notre responsabilité sera immense pour porter les valeurs de fraternité et de solidarité qui nous animent et les défendre.
Vous pouvez compter sur moi.