[EDUCATION ] Février 2024 : Ma réponse à l’interpellation du Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Écoles et PEGC, affilié à la FSU (Fédération syndicale unitaire) sur la dégradation des conditions de travail dans les écoles
Madame, Monsieur,
Je partage votre constat. La situation de l’école publique est aujourd’hui alarmante. Les réformes portées par les gouvernements successifs n’ont rien arrangé. La dernière en date, avec l’annonce du « choc des savoirs » et le retour de groupes de niveaux, m’inquiète tout particulièrement. Cette décision, qui déstabilise le collège unique, est contraire aux valeurs de l’école de la République. L’article 13 du préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 dispose que « La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État ». Demain, le retour des groupes de niveaux risque de créer une ségrégation entre territoires plus ou moins favorisés : c’est le retour d’un tri social des élèves qui ne dit pas son nom. Cette situation accentuera les inégalités, au détriment de la réussite des élèves.
Je suis également préoccupé par la situation des personnels de l’Éducation nationale. Vos conditions de travail se sont dégradées. Votre rémunération, malgré des revalorisations récentes, ne sont pas à la hauteur des autres fonctionnaires de catégorie A. Le métier attire donc moins. De nombreuses disciplines ne font plus le plein aux différents concours. Conséquence directe : les académies les plus déficitaires ont recours au recrutement de contractuels, pas toujours au fait des réalités de la profession. Être professeur ne s’improvise pas. Aujourd’hui, les personnels en poste sont épuisés et le vivier de remplaçants est quasi-inexistant.
Dans le Val-d’Oise, j’ai ainsi interpellé il y a un mois la ministre sur le manque de remplaçants dans le département (https://www.senat.fr/questions/base/2024/qSEQ240109705.html).
L’école doit disposer de davantage de moyens, que ce soit pour mieux former, pour mieux rémunérer les personnels ou encore pour baisser les effectifs par classe.
En Val d’Oise, il nous est annoncé la fermeture de 69 classes à la rentrée et plus spécifiquement la suppression de 4 classes dans la circonscription rurale du 1er degré de Magny-en-Vexin.
Toutefois, les chiffres liés à la « surveillance en fermetures de classes » sont tout aussi importants : 38 classes sont sur la sellette, dont 10 uniquement sur cette première circonscription du Val d’Oise. Quel impact pour les nombreuses familles concernées ? Que dire donc aussi de cet abandon du milieu rural ?
De même, la décision du gouvernement de tailler dans les effectifs des assistants d’éducation est intolérable. La loi de finances de 2024 a malheureusement acté la suppression de plus de 1100 postes. Le rôle des assistants d’éducation est pourtant très important, en matière de protection des élèves et de prévention dans les établissements. À l’heure où le gouvernement communique largement sur le harcèlement à l’école, comment interpréter ce message contradictoire ?
Le droit à l’éducation est un droit fondamental. Je suis un ardent défenseur de l’école inclusive. Cependant, l’inclusion de tous les publics ne peut se faire qu’avec des moyens renforcés. Je défends également l’augmentation des places en ESMS et en ULIS, la reconstitution des RASED ou la création de postes d’AESH, dont le rôle est essentiel et pourtant peu reconnu. Leur rémunération doit également être digne, à la hauteur des difficultés des missions qui leur sont confiées.
Enfin, je dénonce l’aggravation des disparités entre les établissements publics et privés, récemment mis en lumière par les propos choquants de l’ex-ministre Amélie Oudéa-Castéra. Dans notre République, il ne peut exister de telles différences entre les établissements, mettant à mal la mixité sociale et faisant de notre système d’éducation nationale un système profondément inégalitaire.
Je reste mobilisé à vos côtés pour défendre l’école publique de la République. Je suis disponible pour échanger avec vous sur ces enjeux. Je continuerai à porter votre voix au Sénat.