Alors que débutaient les débats sur le PJL immigration, j’ai exercé mon droit de visite parlementaire au CRA du Mesnil-Amelot.
Accompagné par le personnel du site, j’ai suivi le parcours d’une personne retenue, de son admission au CRA à son arrivée en zone de vie.
Depuis le Covid, le CRA a une capacité d’accueil réduite. La mobilité interne de nombreux personnels n’a pas encore été remplacée. Une vingtaine de nouveaux agents a toutefois rejoint le site lors des affectations de sorties d’école de novembre 2023.
Les conditions d’accueil sont minimales. Le confort, comme la propreté, est sommaire : un lit, un matelas, une couverture, quelques bancs dans la salle de vie. Les murs sont défraichis. Les retenus ont très peu d’activité, en particulier dans les bâtiments réservés aux hommes.
Les conditions d’exercice de leurs fonctions sont déshumanisantes pour les personnels. Ils ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour proposer des alternatives ou des améliorations dans la vie des retenus.
Sur décision du ministère de l’Intérieur, les CRA retiennent en priorité des personnes sortant de prisons, présentant des «menaces à l’ordre à public ». D’après les personnels, la proportion serait de 80-90 %.
Ce constat est largement nuancé par la Cimade, que j’ai pu rencontrer lors de ma visite. Ces « menaces à l’ordre public » sont des notions floues. Ce motif est pourtant de plus en plus en plus utilisé pour placer les migrants en CRA.
Une personne interpellée lors d’une manifestation au mauvais moment et au mauvais endroit peut ainsi entrer dans cette catégorie…
La Cimade constate aussi que des expulsions illégales persistent, notamment vers des pays qui ne sont pas considérés comme sûrs (Afghanistan, Libye, Soudan…) ou de départs alors que l’ensemble des recours administratifs ne sont pas épuisés.
Les retenus décrivent auprès de la Cimade une vie au CRA plus dure qu’en prison. Il dénonce le froid, le manque de nourriture, l’accès difficile à des traitements médicaux.
Le CRA dispose d’une unité médicale, avec un médecin et un psychologue. Les créneaux sont toutefois limités et ne permettent pas à tous les retenus d’accéder aux soins.
Cette visite pose une question centrale : celle de la légitimité de la rétention administrative dans notre République. Le ministre de l’Intérieur a annoncé le doublement des places disponibles d’ici 2027. Il faut questionner l’existence même de ces structures.